Virginia Jamieson

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George
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Virginia Jamieson

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Note : En 1973 il y avait eu un sérieux différend entre les Médians de ce qui était alors le Peloton de Secours 11 :11 et moi à propos d’un certain projet – une guérison. Je voulais la faire, ils essayaient de m’en dissuader, mais j’étais têtu et je l’ai fait tout de même. Il y a eu de graves conséquences résultant de mon entêtement, et pendant un temps insupportablement long, les Médians ont complètement disparu de la circulation. Ils me manquaient, et je leur ai demandé de me donner une autre tâche – pour que les choses soient à nouveau comme elles étaient autrefois.

Virginia Jamieson

Peu après son admission dans le peloton, une idée saugrenue est venue à l’esprit d’un Barnard beaucoup plus jeune. Il pensait pouvoir essayer de se glisser dans le Royaume Intermédiaire et, avec l’aide des Gardiens, réellement y rester. À ce moment là, cela lui semblait être une très bonne idée de devenir invisible à la volonté, de ne jamais avoir faim, ou de n’être jamais gagné par la fatigue. Surtout, cela semblait être très avantageux de pouvoir se rappeler de tout et de vivre pour toujours, comme le faisaient ses Compagnons Spirituels.

Pour quelqu’un qui était constamment à la recherche de la connaissance elle-même, une mémoire ‘photographique’ sans faille vaudrait plus que toutes ses possessions terrestres, même s’il y ajoutait le livre de comptes de son entreprise. Il approcha les Gardiens en toute honnêteté pour obtenir leur aide dans la réalisation de ce plan fou.

À ce moment là, Barnard avait été passé à l’essoreuse de la vie, vers l’arrière, sur les côtés, et replié sur lui-même. Il était encore en train de panser ses blessures des mois après l’événement. Mais après lui avoir vaguement montré un peu de compassion, on avait dit au mortel que sa stupide proposition n’était pas au programme, « Tu es humain. Tu ne peux pas être comme nous. »

La réfutation quelque peu condescendante de Bzutu a fait en sorte que Barnard s’est demandé si les Esprits Gardiens étaient dotés de véritables émotions, même d’un sens de l’humour. Qui pourrait même envisager vouloir entrer de façon permanente dans leur trame de temps si on ne pouvait pas avoir un bon rire de temps en temps ? Leur sort serait un très triste sort. Pendant les années de coopérations inter-espèces qui ont suivi, Barnard apprit qu’ils avaient en fait des émotions et un grand sens du comique.

Mais plusieurs semaines après l’enterrement choquant de Jennifer Sutton, c’était George Barnard qui semblait avoir définitivement perdu son sens de l’humour. Il se sentait isolé, et ses bons Amis lui manquaient. Puis, ils lui ont fait éprouver quelque chose qu’il n’aurait pu prévoir dans ses rêves les plus fous.

* * * * *

Cela s’est passé dans l’intervalle d’une fraction de temps infiniment petite. Une minute il s’endormait, et l’instant suivant le novice se retrouva debout sur une jetée en béton. Il y avait à peine un soupçon de couleur dans tout ce qu’il voyait ; la baie tranquille mais sombre, le ciel nocturne embrumé et obscur, la jetée en béton avec ses grilles de sécurité en acier. À sa gauche une ville moderne au loin, à sa droite, quelques huit pas plus loin, se tenait le noble Guerrier. Derrière Bzutu il y avait un groupe de dix, peut-être douze Entités de tailles très variées.

Barnard se demandait pourquoi ils étaient si difficiles à discerner, mais il était émerveillé de leurs tailles très différentes. « Tu as amené beaucoup d’amis, Bzutu, » remarqua l’humain, « une foule. Mais ils sont difficiles à voir et toi aussi. »

Quelque chose était différent à propos de ce voyage, mais le mortel ne savait pas quoi. Il avait vu d’autre entités avant, mais jamais autant à la fois et ils n’avaient jamais eu l’air aussi vagues.

Aucune réponse n’est venue de la part du Guerrier. Pas d’introductions. Bzutu se balançait d’une jambe à l’autre, observant patiemment son étudiant mortel.

« Ce n’est pas un de mes rêves lucides, hein ? Barnard demanda.

« Nous sommes ici, » répondait le Gardien de sa voix rassurante.

« Tu m’as dis que tu me guiderais, » lui a rappelé l’humain. « J’ai demandé à faire quelque chose d’utile pour me faire pardonner mon comportement têtu. J’ai demandé à faire quelque chose d’important, pour que tu saches qu’on peut me faire confiance à nouveau. Ça ne peut pas être ça ! Est-ce que tu me fais une blague ? »

« C’est cette chose, » lui répondit une voix assez forte et abrasive.

Barnard jeta un coup d’œil autour de lui. Il n’y avait rien à faire sur cette jetée froide, humide et solitaire excepté un endroit pour pêcher. Quelle idée folle de venir ici pendant la nuit, pensa-t-il.

« Alors commence à travailler ! » Bzutu avait l’air un peu impatient. Il avait l’air de penser que son étudiant aurait dû savoir quoi faire.

Barnard regarda de nouveau la légère houle de la baie. Il n’y avait pas grand-chose à voir. Il n’y avait qu’une mouette solitaire qui faisait des cercles dans le brouillard et dans la semi-obscurité, peut-être cinquante mètres au loin – planant maintenant – faisant des cercles en sens inverse – planant encore.

Quelque chose lui était venu à l’esprit. « Une sentinelle qui marquait une cible ? » demanda le novice. « Ah ! Y-a-t-il un banc de poissons à cet endroit ? » demandait-il, mais personne ne lui répondait. « Nous n’avons pas apporté nos cannes à pêche, nos filets, nos engins de plongée… »

Il était rapidement en train de se convaincre que l’effort entier était censé être une plaisanterie. « Quelqu’un pourrait dire à cet oiseau qu’il fait nuit maintenant, » suggéra-t-il. Il riait et jeta un coup d’œil vers le groupe. Aucun de ceux présents n’avait l’air de partager les sentiments du mortel pour s’amuser. Cela semblait être un groupe très sérieux. Barnard ne s’occupa plus de leur état d’esprit et cria à l’oiseau, « Eh ! Les Plumes ! Rentre chez toi ! Il est temps d’aller dormir ! »

Puis il regarda en bas. Il y avait en fait quelque chose dans l’eau, juste en-dessous de l’oiseau qui planait. Comme si sa prise de conscience était un signal, la mouette s’éloigna.

Il était difficile de deviner ce que cet objet pouvait être. Presque entièrement submergé, le va et vient des vagues l’avait mis en vue pendant un instant, puis hors de vue à nouveau pendant plusieurs longues secondes.

Qu’est-ce que cela pourrait être ? se demanda Barnard. Un cochon mort ? « Vous m’avez amené ici pour voir un cochon mort ? » Il se senti profondément insulté. « Ce n’est pas très gentil. »

« Va le chercher maintenant, » commanda Bzutu.

L’humain hésita, réticent à toucher le cochon, ayant peur de désobéir son Supérieur, il resta planté sur place. « Je pense que je vais rentrer maintenant, » suggéra-t-il humblement. « Je ferais mieux de rentrer à la maison, mes Amis. »

« Va le chercher maintenant ! » insista Bzutu d’un ton bourru.

Entièrement guidé par ceux qui étaient restés en arrière sur la jetée, semblait-il, Barnard plana avec aisance, saisi un membre et traîna le cadavre lentement pour le ramener sur la jetée. Il était surpris par sa force et sa forme physique lorsqu’il remonta sur la jetée, soulevant avec une aisance remarquable le poids lourd et bouffi hors des eaux sombres.

Se sentant encore déprécié et déshonoré, il laissa tomber sans ménagement sa prise morbide contre la grille de sécurité en acier. Il fit un pas en arrière et regarda la forme déplaisante de la créature. « Oh, mon Dieu ! C’est une femme ! » s’écria-t-il.

Elle remua légèrement et Barnard tomba immédiatement à genoux à côté d’elle, plaquant son épaule contre la grille. Mais elle n’ouvrait pas les yeux et le mortel savait qu’il ne pourrait rien sentir venant de ses yeux fermés.

« Crache-le ! » lui dit-il tout d’un coup. Ce message était apparemment venu de nulle part. Il avait été inspiré, c’est certain, conclut-il. C’était venu de toutes ces Entités là-bas. « Crache-le ! Crache-le tout, ma fille ! » insistait-il. Il lui semblait que c’était la bonne chose à lui dire.

Un petit jet d’eau sortit de sa bouche. « Crache-le tout ! Crache-le tout ! Maintenant ! » Barnard continua de l’encourager, la secouant par l’épaule.

Soudain, un grand jet d’eau de quelques mètres jailli et le corps enflé et gras de la femme autrefois et apparemment d’un poids excessif et à peine reconnaissable comme étant humain, se transforma en celui d’une jeune femme mince. Au fur et à mesure qu’elle reprit sa forme adéquate, beaucoup de bleus étaient devenus apparents sur son corps. Sa peau se tonifiait quelque peu et il y avait une profonde coupure en travers de sa gorge. Elle était si froide.

Toutes les inhibitions du mortel semblaient avoir été laissées en arrière dans un autre monde, une autre réalité. Il ne ressentait que de la tendresse et de la charité envers cette pauvre petite victime nue. Surtout, il y avait pour lui une urgence pressante de la réanimer.

« Crache-le tout ma fille ! » lui dit-il de nouveau. Mais il n’y avait plus rien à cracher. « Regarde-moi maintenant ! Regarde-moi ! » insista-t-il. Sa tête était tombée en avant comme celle d’une poupée de chiffon usée. « Ouvre les yeux, ma fille ! Regarde-moi ! »

Lentement, elle leva la tête comme un petit chien recroquevillé de peur. Elle respirait, inconsciente du fait qu’elle n’avait pas besoin de respirer.

« Je m’appelle George Mathieu Barnard. Et maintenant, tu es libre, » l’informa-t-il. Ce ne sont pas mes mots ! pensa-t-il. Ce ne sont même pas mes pensées ! « Qui a mit ça dans mon esprit ? » grogna-t-il, mais il ne reçu pas de réponse.

Leurs regards se croisèrent finalement et toutes les émotions de la jeune femme devinrent celles de Barnard. Il ressentit toutes les horreurs qu’elle avait souffert il y a longtemps – toutes ses frayeurs. Il ressentit l’amour qu’elle avait donné à beaucoup d’autres dans sa courte vie, les leçons amères qu’elle avait apprises. Ses espoirs et ses plans. Ses besoins et ses désirs. Son lent progrès d’autrefois. Toutes ses émotions étaient devenues celles de l’étudiant des Gardiens, mais il ne pouvait pas rassembler un seul fait.

« Qui t’a fait ceci ? » demanda-t-il brusquement. « Qui t’a tué ? »

Avec cette question elle disparut, vers le haut et à grande vitesse. Barnard avait été laissé en arrière agenouillé sur la jetée en béton, regardant ses mains vides, qui un instant plus tôt soutenaient son épaule.

« Waouh ! Elle vole plus vite que n’importe qui ! » Il se mit debout et se tourna vers tous les êtres assemblés. Il y avait beaucoup d’admiration dans sa voix. « Comme elle peut bouger ! C’est brillant ! » Il se sentait si excité. Puis un doute lui traversa l’esprit et il se tourna vers le Gardien. « Bzutu, ce n’était pas un rêve lucide, hein ? » demanda-t-il.

« Non, ce n’est pas un rêve. Et nous sommes ici, » lui répondit son Supérieur.

« C’était urgent et important, comme tu me l’avais promis ? » demanda George.

« C’est ainsi. Rentre chez toi, George Mathieu. C’est fini, » dit le Guide.

Barnard avait remarqué que les autres Entités avaient apparemment disparu. Mais Ahbécétutu était encore à ses côtés. Je ne peux pas partir maintenant ! Partir à ce moment ne serait pas une bonne idée, pensait le mortel.

« Rentre chez toi. C’est fini, » lui dit à nouveau le Guide. « Pourquoi ça te prend si longtemps ? Rentre chez toi. Il est temps d’aller dormir. »

« Peu probable, » lui répondit le mortel belliqueux. Sans bouger il s’agrippa à la grille. « Je ne sais même pas son nom, » se plaignit-il. « Toutes ses émotions étaient devenues les miennes. Nous étions si proches, nous étions unis. Je dois savoir son nom pour la retrouver, plus tard. » Un lien puissant avait été formé, si rapidement, et le mortel s’inquiétait de ne jamais pouvoir la revoir.

Bien qu’il ne puisse plus voir les autres Entités, Barnard sentait qu’ils étaient encore là. Et il ressentait leur incrédulité du mépris abject pour l’autorité venant d’un humain si têtu.

« J’attendrai ici jusqu’à la Saint-Glinglin, » promit le novice au Gardien, « tu me connais, Bzutu. » Barnard se cramponnait de toutes ses forces à la grille froide. « Je dois savoir son nom. »

Les esprits s’échauffaient. Barnard pouvait le sentir. Le fait qu’il ne pouvait pas voir les autre Entités l’embêtait beaucoup car cela l’empêchait d’évaluer leurs sentiments plus clairement. Mais le Guerrier était en charge, il n’y avait pas de doute, et il était visiblement embarrassé par la ténacité de l’étudiant.

« Comme tu es obstiné, » se plaignait le Guerrier.

Enfin elle est apparue, comme un soleil brillant – une flèche jaune et plate en bois pointée plein ouest. Attachée à un poteau de bois carré – ses lettres noires profondément gravées indiquaient VIRGINIA ST (Rue Virginia).

« Bien, » marmonna l’humain. « C’est Virginia. Aurait-elle été assez chanceuse pour avoir également reçu un nom de famille ? » demanda-t-il. « Oui ? »

Elle apparut rapidement. Une plaque métallique ronde émaillée avec des lettres blanches en relief sur un fond bleu foncé. Affichée sur un bâtiment et faisant face au sud, JAMISON Ave.

« Virginia Jamison ? » demanda-t-il. « Oh, je vois. Il faut mettre un E là dedans. Virginia Jamieson ! » Il était ravi de savoir son nom. « Mon Dieu, pourquoi ça t’a pris si longtemps ? » demanda-t-il en blaguant.

« Est-ce que tu vas rentrer chez toi maintenant ? » demanda la voix forte et tranchante.

« Où sommes-nous alors ? » demanda-t-il à son tour. La réponse est venue, mais il en avait manqué une partie. Il avait entendu quelque chose comme, « …frisco… »

De nombreux étés passés à plonger dans les récifs coralliens avaient, semble-t-il, affecté son audition dans son existence mortelle quotidienne. La surdité de corail, apparemment, est tout aussi gênante dans le Royaume Intermédiaire, songeait-il. « Qu’est-ce que c’est un ‘frisco’ ? » demanda-t-il. Une image mentale de crème glacée dans un cône dansait devant ses yeux. Vanillée, présuma George. C’est ridicule ! Tu m’embrouilles la cervelle, » reprocha-t-il au Gardien qui souriait maintenant.

« San Francisco ! » l’informa le Guerrier.

« Tu m’embrouillais la cervelle, Bzutu, » l’accusait Barnard. « Tu le fais bien trop souvent. Je m’en rends compte. » Il s’arrêta pour penser au fait qu’il était bien loin de chez lui et il jeta un coup d’œil en arrière à la ville entourée de brume. Elle semblait soudain si différente, si vieille. « Ça me sert à quoi d’être venu si loin ? » demanda-t-il. « Ma place est en Australie. Il y a des milliers et des milliers de médiums dans ce grand pays qui auraient pu libérer l’âme de cette jeune femme. Pourquoi m’as-tu transporté jusqu’ici ? »

« Ta demande, » vint la réponse immédiate. « Urgent et important. Tu n’es pas un spécialiste. Tu viens d’apprendre beaucoup de choses, très rapidement. Rentre chez toi maintenant! Tu es si persistant. »

Le mortel se cramponnait encore plus et de toutes ses forces sur la grille. Il jeta un coup d’œil en arrière vers la ville. 1903 ? 1908 ? Ah ! 1911 ! La prohibition ! « C’est très ancien, mais maintenant quelqu’un connait le nom de cette ‘Madame X’, » marmonnait-il. « Ça c’est San Francisco ! Non, ça ne l’est pas. C’était San Francisco ! »

L’âme de la fille Jamieson doit avoir été classée comme ayant besoin d’une libération urgente, pensa-t-il. « Pourquoi et comment est-elle morte, Bzutu ? » demanda-t-il. « Cela me semble être une si grande perte. Celle-là n’était vraiment pas plus vieille qu’une enfant. »

Le novice avait poussé le Gardien trop loin. La patience du Guerrier était complètement épuisée. La grille que Barnard avait serrée dans ses mains cessa soudainement d’exister. Il observait maintenant une Virginia Jamieson bien habillée, en train d’être battue à coup de pieds et tabassée dans une pièce en haut des escaliers. On l’avait poussée brusquement dans un large et profond fauteuil. Puis, tandis qu’on la tenait par derrière par les cheveux, un petit couteau coupa sa gorge. Elle s’était évanouie mais elle refusait obstinément de mourir.

Ensuite, le coffre d’une voiture noire d’un modèle ancien s’est ouvert. La voiture était stationnée dans une rue déserte du quartier industriel, en bas de la ville. Il pleuvait à verse sur la ville et les lampadaires étaient rares. Quatre mains impatientes ont soulevé le lourd couvercle rond à motifs d’une bouche d’égout et les mêmes quatre mains impatientes ont pris un tapis du coffre de la voiture.

Tête la première, le corps nu de Virginia Jamieson glissa du tapis et fut plongé dans le furieux torrent d’eau qui coulait en bas. Ayant été de quelque façon privé de toute crainte consciente, et juste avant que le couvercle de fer soit remis en place, Barnard se faufila auprès d’elle. Elle se débattait faiblement, puis fut emportée par le courant.

Froidement et avec nonchalance, il informait la jeune femme sur les circonstances précises de sa mort.

Il suivit le corps à travers la longue caverne. Un des barreaux rouillés manquait à la grille à la fin du tunnel. Inconsciente du fait qu’elle était désormais tout à fait morte, le petit corps lisse de Virginia Jamieson glissa au travers du trou et disparu dans la baie. Barnard remonta sur la jetée. Il était de nouveau à l’endroit précis où il avait commencé. « Alors, c’est ce qui s’est passé, » remarqua-t-il, s’attendant à ce qu’on lui dise encore une fois de se dépêcher pour retourner chez lui. Mais personne n’avait attendu son retour. Il était seul.

Du moins, c’est ce qu’il semblait.

En un instant il était de retour dans sa chambre, assis sur le bord de son lit et se demandant comment il pouvait se sentir si bien, si vite, après avoir fait une expérience si troublante. Moins de quinze minutes s’étaient écoulées depuis qu’il avait fermé les yeux pour profiter d’une nuit de sommeil paisible, juste avant que les Gardiens l’emmènent au loin. C’était ce qu’il leur avait demandé il y avait de cela plusieurs longue années, pour finir par être informé qu’il ne lui était pas permis de partager leur trame de temps. « Vous avez réussi ! » dit-il aux Gardiens. « C’était fantastique ! »

Il était complètement réveillé maintenant, se sentant heureux. Des semaines d’ennui et de dépression causées par l’enterrement de Jennifer Sutton avaient été retirées de son esprit, si rapidement. Encore une fois, il avait rendu la vie dure à Ahbécétutu, mais il y avait des choses que Barnard avait besoin de savoir.

Le Guerrier ne lui avait-il pas dit, « Tu es venu pour apprendre beaucoup de choses très rapidement. » marmonna Barnard d’un ton sarcastique, « Pas un Spécialiste… Tu es si persistant, George Mathieu… Oui, une nuisance avec laquelle il est difficile de vivre, Bzutu, autrement je n’apprendrais jamais rien. »

Les Gardiens devaient comprendre pourquoi leur étudiant était si obstiné, pensa-t-il. Ils devaient en savoir plus à mon sujet que moi-même.

* * * * *

L’Essence, l’Âme, ou le Soi Astral de Virginia Jamieson était resté endormi, se reposant dans la baie de ‘Frisco’ pendant longtemps. Une personnalité diminuée, mais toutes les émotions de la vie expérientielle étaient contenues dans le ‘paquet éthéré’ qui avait maintenant été libéré.

Une prise de conscience de soi, et une réalisation du passage du temps, avaient certainement manqués. Cela, du moins, était évident pour Barnard.

Elle aurait pu être ce que certains appellent un fantôme – un accident de la dissolution désordonnée des composants d’une créature humaine très complexe. Comment cet aspect oublié depuis longtemps de la jeune femme pourrait repartir, apparemment sans aide, était un mystère pour lui.

Ce qui était encore plus mystérieux était ce sentiment pathétique et satisfaisant dans lequel marinait maintenant son âme. Sa comptabilité, pensait-il, se trouvait de nouveau complètement à l’encre noire. Barnard était vraiment ravi d’avoir totalement payé sa dette. Une dette à Qui ? se demanda-t-il. De cela il n’en avait aucune idée. Il avait encore tant de questions.

Au Service Des 11 :11
Traduit par Véronique Hubert-Harris et Philippe Pilette.

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